Le 23 avril dernier, j’entamais un brouillon titré « Le 7 mai, je n’irai pas voter… », convaincu que la France était arrivée à un second tour représentatif de son égoïsme ordinaire.
Cédant à la pression sociale, probablement, à cet autoritarisme du vote obligatoire, mon brouillon est plus tard devenu : « Le 7 mai, je ne devais pas aller voter… ».
Finalement, cet article, vous ne le lirez jamais.
Si on parlait d’avant ?
Je suis un jeune actif urbain. On me dit gauchiste, je me vois plutôt humaniste.
Trentenaire parisien aux racines occitanes, je suis un enfant des années 80.
Quelques mois après l’apparition du CD, j’ouvrais les yeux au son du « Sweet Dreams » d’Eurythmics qui trustait la première place du Top 50.
A l’époque, on faisait encore tourner les galettes de vinyles, la musique se partageait sur cassettes, on tirait des paquets de vingt-quatre photos, ma mère s’habillait en fluo et le Stade Toulousain n’en finissait plus du gagner.
Aux Etats-Unis, Michael Jordan construisait la légende au son de la première génération de rappeurs quand un acteur hollywoodien dormait à la Maison Blanche.
Le monde glissait lentement vers la mondialisation mais on s’en moquait.
On s’aimait bien. Ou du moins, on s’en donnait l’impression.
Les électeurs fascisants étaient déjà là mais on était loin de les imaginer frapper à la porte de l’Elysée…
Si on parlait de demain ?
J’ai souvent la nostalgie de ces années lointaines où même la pluie semblait ensoleillée.
J’essaie parfois de comprendre ce qui nous a conduit là, dans cet isoloir, avec pour seule alternative au fascisme un banquier sans charisme.
Comme si à un moment, tout avait basculé…
Il a fallu des années pour fabriquer notre vivre ensemble.
Il faudra quelques heures pour choisir entre un violent obscurantisme et une morne continuité.
Mais quel que soit l’état d’esprit au réveil lundi matin, il faudra repartir de l’avant.
Il faudra reconstruire ce que l’on a détruit, croire en nous, croire en l’autre.
Espérer. Toujours. Mieux.
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