Elément omniprésent des conversations de bureau autour de la machine à café, le tic de langage pollue (ou complète) les échanges sans que les intervenants n’en aient conscience.
Et malheureusement, comme tout le monde, vous en avez aussi !
Ecoutez-vous parler…
Petit tour des plus entendus…
Le tic de feedback
Dans cette catégorie, on trouve le fameux « t’sais » (parfois retranscrit « tsé ») qui selon les psychologues signifierait « tu sais » :
– Je suis allé au ciné hier, t’sais. Voir un film, t’sais.
– Non, je savais pas mais dans un sens oui puisque jusque-là, ce que tu me racontes est logique…
Dans le même style, mais plus réservé à la génération Hip-Hop/Skyrock-premier-sur-le-rap, il existe la variante « t’as vu » :
– Je suis allé au ciné hier, t’as vu. Voir un film, t’as vu.
– Non, j’ai pas vu car j’étais pas là. C’est pour ça que tu me le racontes, non ?
Dans les deux cas, on ressent ce besoin de réponse qu’attend l’interlocuteur.
Besoin qui, malgré la casquette LA Lakers violette, démontre peut-être un manque de confiance en soi. Qui sait ?
Le tic inutile
Se classent ici les mots qui ne traduisent rien et n’apportent rien à la conversation.
Un des grands exemples est le « quoi » en fin de phrase :
– Je suis allé au ciné hier, quoi. Voir un film, quoi.
– Et justement, tu as vu quoi ?
Ne pas confondre avec le « quoi » du nord de la France qui s’apparente plutôt à un « je vous dis ce qu’il en est ». Une sorte de raccourci.
On peut le mêler à « voilà » pour créer le super tic « voilà quoi ».
Attention, si vous êtes étudiant, c’est moins deux points lors d’une soutenance.
Autre tic inutile, le « ouais gros » :
– Ouais gros, je suis allé au ciné hier (quoi). Voir un film, gros.
– Alors, déjà, je suis pas gros, ok ?
Le tic enthousiaste
Partager son bonheur en alourdissant les phrases avec des « c’est tip top », « c’est génial », « cool », etc. est fréquent.
Pas bien méchant, ce tic est souvent contagieux. On l’attrape en fréquentant quelqu’un qui l’a déjà.
Le tic pédagogique
Proche du tic de feedback, celui-ci demande en retour une manifestation de compréhension :
– Je suis allé au ciné hier, ok ? Voir un film, ok ?
– Ok.
Ça fonctionne aussi avec « d’accord ».
Le tic dénué de sens
Certains mots sont utilisés hors de leurs contextes de base et en perdent donc leurs sens premiers.
C’est le cas de « grave », par exemple :
– Je suis allé au ciné hier. Voir un film.
– Grave !
En fait non ; ce n’est pas grave. Mais bon…
Le « tout à fait » peut également donner ses lettres de noblesses à cette catégorie :
– Je suis allé au ciné hier. Voir un film.
– Tout à fait.
Nous avons là une situation bien plus grave puisque « tout à fait » ne veut tout simplement rien dire.
Le tic idiot
Dans un style un peu différent, existent les tics idiots. Proches de la catégorie précédente, ceux-ci possèdent, en plus, un petit côté absurde.
– Tu peux me prêter ton crayon à papier s’il te plaît ?
– Oui, pas de souci.
Espérons que le prêt d’un crayon à papier et autres fournitures de bureau n’entraîne pas trop de souci ou d’inquiétude pour leur propriétaire.
Le tic de mouvement
Le « vas y » est très certainement l’emblème de cette classe :
– Je suis allé au ciné hier. Voir un film.
– Vas y, raconte !
– Je peux rester là quand-même ?
Le tic Internet
On ne pouvait pas faire sans cette catégorie tant elle pollue les discussions numériques.
On trouve, ici, le fameux « lol » :
– Je suis allé au ciné hier, lol. Voir un film, lol.
– Effectivement, ça a l’air super drôle.
On peut substituer le « lol » par des « mdr », « ptdr », « xptdr », etc.
Certains commencent même leurs phases par « kikou » mais ceux-ci se trouvent dans une catégorie incurable.
Le tic régional
Un tic régional, tel que « putain », « con », « boudu », etc. enrichit la phrase plus qu’autre chose. C’est un peu un moyen de la mettre en musique.
– Je suis allé au ciné, con. Voir un film, con.
– Hé ho con ! Il était bien ?
Ça passe même pendant les entretiens d’embauche.
Un besoin vital ?
Peut-on imaginer une conversation sans ces petites expressions qui, en général, ne lui apportent rien ?
Ces tics favorisent-ils la transmission des émotions ?
Rares sont ceux qui peuvent se targuer de construire un échange complet sans ces petits éléments superflus.
Certains, même, les cumulent (voilà quoi, t’as vu)…
Tu as dû être exposé pas mal de fois à tout ça… Dans le métro ? T’sais, je suis trop fort, voilà quoi !
Repas de famille, etc.